rien [ʀjɛ̃] pron. indéf. m. sing. et n. m.
I Pron. indéf. m. sing.
A (sans ne) Quoi que ce soit. « Je le voyais comme ça; incapable d'en rien dire sans hargne, je préférais me taire » (Andrée Maillet, 1965).
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(avec sans) Parler sans rien connaître du sujet. Donner sans rien obtenir en retour. Rester là sans rien faire. « sans que j'aie rien à dire elle tend la main vers moi » (M. Proulx, 1993).
B Aucune chose. 1 (avec ne) On ne voit rien. Elle ne se doute de rien. Cela ne sert à rien. Rien d'autre que des détails n'a changé. « L'été déjà fini, l'arbre gardait encore ses feuilles. L'automne n'y fit rien » (Gilles Vigneault, 1960).
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(expressions)
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Ce n'est rien : c'est sans gravité, sans signification, sans importance. Ce n'est rien, ne t'en fais pas.
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N'y être pour rien : n'y avoir aucune responsabilité, aucune part.
‒
En rien : nullement. Cela ne diminue en rien ses souffrances.
‒
Rien de moins que : tout à fait, pleinement, bel et bien. Il n'est rien de moins qu'un héros.
‒
Comme si de rien n'était : comme si aucun fait, aucun événement ne s'était produit. Il fait comme si de rien n'était.
‒
Ne rien pouvoir à : être sans influence sur qqch. Je n'y peux rien.
‒
Rien ne va plus : au jeu, avertissement donné par le croupier pour indiquer que plus aucune mise n'est
acceptée.
‒
Pour rien au monde.
‒
fam. Ce n'est pas rien : ce n'est pas négligeable. 2 (sans verbe, donc sans ne) Rien d'étonnant à cela. Rien de mieux qu'un bon bain chaud. « Elle s'était évanouie un soir de novembre comme un fantôme dans le brouillard, et
depuis, rien » (L. Dupré, 1996).
‒
(en réponse) Qu'as-tu dans les mains? – Rien. Qu'est-ce qu'il a dit? – Rien du tout.
C (sans ne) Une quantité nulle de choses ou très peu de choses. 1 (précédé d'une préposition) Vivre de rien. Il fait des merveilles avec rien. Faire fortune à partir de rien. L'écart a été réduit à rien.
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Parler de tout et de rien, de choses et d'autres. « Il se mit à parler de tout et de rien, faisant tour à tour l'aimable et le mordant » (G.-É. Lapalme, 1970).
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pour rien. Sans résultat, en vain. Il a fait tout cela pour rien. Tu cherches pour rien. « Tu as décoché pour rien cette dernière flèche » (R. Ducharme, 1966).
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En échange de rien, gratuitement. Il travaille pour rien, pour trois fois rien. Je lui aurais bien prêté pour rien.
‒
Sans raison. Il s'énerve pour rien. Elle s'est inquiétée pour rien.
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de rien ou de rien du tout. De peu d'importance, sans valeur, sans intérêt. Un homme de rien. C'est juste un petit cadeau de rien. « un livre fabuleux où des géants de rien du tout vont pêcher la truite » (J. O'Neil, 1989).
‒
Rien de rien : absolument rien.
‒
(en réponse) Je vous remercie. – De rien. 2 (tournure comparative) C'est mieux que rien.
‒
par exag. Je l'ai acheté pour moins que rien.
‒
En moins de rien : en très peu de temps.
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fam. Comme rien : facilement. « Trop dominée par la peur pour en ressentir aucun mal, elle se dégagea comme rien » (G. Guèvremont, 1947).
‒
C'est comme rien : c'est très probable. 3 ou rien. Avec lui, c'est tout ou rien : il ne fait pas de compromis. C'est cela ou rien : il n'y a pas d'autre choix. 4 Adv. complexe
rien que. Uniquement. Rien que d'y penser, j'en tremble. Je le fais rien que pour toi. Rien que pour un an. « Je l'ai su rien qu'en te regardant dans les yeux, rien qu'à t'entendre rire » (J. Basile, 1964).

II N. m. (précédé d'un déterminant indéfini)
1 Chose sans importance, négligeable.
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bagatelle. Ne me dérangez pas pour des riens. Un rien lui fait plaisir. « Elle y tient tout ce qui lui a tombé sous la main, des colifichets, des riens, des
bouts de ficelle » (J. Ferron, 1968). 2 un rien de (+ nom). Très peu de. Ajouter un rien de vanille. Avec un rien de mépris. En un rien de temps. « Elle se sourit aimablement, avec un rien d'ironie » (J. Éthier-Blais, 1982). 3 Adv. complexe
un rien (+ adj.). Un peu. Il est un rien nerveux. Ne seriez-vous pas un rien susceptible?


ORTHOGRAPHE
pronom indéfini masculin | nom masculin | |||||||
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rien
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