trop [tʀo] adv.
I Sert à marquer l'intensité ou la quantité
excessive.
A 1 (modifiant un verbe) Il pense, il réfléchit trop. Ils ont trop marché.
◈
(avec une locution verbale) Avoir trop faim, trop envie. « j'avais trop peur d'être emporté par la
marée, de dériver jusqu'au chenal, d'être renversé
par un cargo » (J. Poulin, 1989). REM. L'emploi de trop est parfois critiqué comme synonyme non
standard de très. 2 (modifiant un adjectif) Trop petit, trop fragile. Être trop jeune. Il est un peu trop grand. « la tristesse dans les yeux de son fils, ses
yeux trop bleus, trop ronds » (Fl. Nicole, 1994).
‒
Adv. complexe
Par trop. 3 (modifiant un autre adverbe) Trop longtemps, trop souvent. Ce n'est pas trop loin. « L'effort y est, mais c'est trop peu, trop
tard » (Voir, 2000). 4 trop... pour (+ inf.) ou trop... pour que (+ subj.). Sert à indiquer que l'excès introduit
par trop entraîne l'annulation de la
conséquence. Il est beaucoup trop jeune pour
comprendre. Il est trop petit pour qu'on puisse le
voir.
‒
Trop beau pour être vrai : difficile à croire.

B (jouant le rôle de déterm. indéf.) trop de (+ nom). Une quantité, une intensité excessive
de. Il y a trop de détails, trop de choses à
faire. Dépenser trop d’argent. Poser trop de questions. Trop d’angoisse l’habitait. « il ne pouvait pas dormir, trop de pensées
se tortillaient dans sa tête » (V.-L. Beaulieu, 1972). REM. En principe, le nom utilisé après le déterminant
indéfini complexe trop de commande l’accord du verbe (Trop de gens sont mécontents; trop d'émotion l'assaillait). Toutefois, selon le sens de la phrase, l’accord peut se faire soit avec le collectif
soit avec le complément (ex. Trop d'épices peut ou peuvent gâter la sauce).
◈
(jouant le rôle de nom) Le trop d'empressement à mon
égard.
‒
Un trop-plein d'ardeur.
◈
absolt (jouant le rôle de pron. indéf.) Vous en faites trop. C'est vraiment trop. Trop d'entre vous sont victimes de
discrimination. Trop d'entre nous ont échoué (ou avons échoué si le locuteur veut
s’inclure dans la collectivité). REM. Le pronom indéfini trop entraîne l’accord avec le nom complément
sous-entendu.
C de trop, en trop. En excès, qui dépasse le nombre, la
quantité exigée, souhaitable. Des sommes versées en trop. Des kilos en trop. « ce désir de revenir en arrière, juste
avant le mot de trop, le geste de trop, la
catastrophe évitable » (A. A. Michaud, 2001).
◈
Se sentir de trop : sentir que sa présence est
inopportune. Il « se sentait de trop, il se faisait petit
dans son immense veston de tweed gris » (Ch. Mistral, 1988).
II
(superlatif) Très, extrêmement.
⇒
extrêmementtrès. Vous êtes trop aimable, trop
bon. La tentation est trop grande. C'est trop drôle. L'occasion est trop belle.
‒
(avec la négation) Il ne va pas trop bien. Sans trop vouloir, sans trop
comprendre.
◈
Ne... que trop : bien assez. Il n'y pense que trop. « Ses vœux, hélas! ne furent que trop bien
exaucés » (R. Girard, 1904).

ORTHOGRAPHE
adverbe | ||
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trop
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