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Le terme autochtone, utilisé pour désigner les descendants des premiers habitants du Canada, est d’usage courant dans le Québec contemporain. Selon la Loi constitutionnelle de 1982, l’appellation générique peuples autochtones désigne collectivement les groupes composés des Indiens, des Métis et des Inuits. Le terme s’emploie à la fois comme substantif (les Autochtones) et comme adjectif (le titre autochtone, le territoire autochtone). Il est l’équivalent français des termes anglais native, aboriginal ou indigenous.
Avant les années 1980, le terme autochtone n’était presque pas utilisé au Québec. Le terme indien était alors le plus répandu, à l’instar de métis et de esquimau. L’usage de ce dernier terme est tombé en désuétude et a été remplacé par inuit, à la demande des Inuits eux-mêmes. Dans la même optique, le terme indien a peu à peu été remplacé au Québec par amérindien, qui désigne l’Indien des Amériques, terme popularisé par l’ethnologue-botaniste Jacques Rousseau à partir des années 1960. Au Canada cependant, le terme indien est toujours de rigueur en français pour traduire Indian, y compris les variantes associées au statut indien telles que le stipule la Loi sur les Indiens : Indien inscrit, Indien non inscrit (ou sans statut), Indien visé par un traité. C’est vers la fin des années 1980 que l’usage du terme autochtone s’est davantage répandu au Québec. La Commission royale d’enquête sur les peuples autochtones (1991-1996) a notamment contribué à sa diffusion dans la presse québécoise, en milieu autochtone francophone et au sein de la communauté scientifique; dans ce cas, il traduisait le mot aboriginal. Le terme est également utilisé à l’échelle internationale par les Nations unies pour désigner les descendants des premiers habitants d’une région ou d’un territoire. Dans ce cadre, les groupes ainsi désignés, outre les Amérindiens, les Métis et les Inuits, englobent, par exemple, les populations africaines ou asiatiques.
Ces multiples appellations, tant en français qu’en anglais, contribuent à entretenir une certaine confusion dans l’usage du terme autochtone, régulièrement employé, à tort, comme synonyme de indien ou de l’appellation premières nations (traduction de first nations), désormais d’usage courant pour désigner les bandes indiennes. À cause de cette tendance à recourir au terme générique pour désigner une seule composante, les termes inuit et métis sont moins usités dans les discours, les documents officiels et la presse; aussi, les groupes qu’ils désignent sont plus souvent passés sous silence. En conséquence, les Inuits et les Métis préfèrent qu’on ne les désigne plus par le terme autochtone; les Inuits ne se définissent pas non plus comme une nation dans le sens employé par les Amérindiens. Par ailleurs, et compte tenu des avancées de leur mouvement d’affirmation identitaire, les nations amérindiennes recourent aussi de plus en plus au nom de leur groupe d’appartenance pour se définir ou se désigner mutuellement – la nation innue, la nation naskapie, la nation abénaquise – voire à leur nom d’origine dans leur langue maternelle : Kanien’Kaha:kas (mohawk), Eeyou (cri), Anishinabeg (algonquin).
On compte présentement quelque 85 000 Amérindiens, 10 000 Inuits et 25 000 Métis au Québec. À leur tour, les Amérindiens se divisent en dix premières nations – les Abénaquis, les Algonquins, les Attikameks, les Cris, les Hurons-Wendat, les Innus, les Malécites, les Micmacs, les Mohawks, les Naskapis – chacune formée de une à neuf communautés généralement regroupées dans une région précise du Québec. Ainsi, les neuf communautés cries sont installées dans la région de la Baie-James. La population innue, qui se répartit également en neuf communautés, se trouve sur la basse et la haute Côte-Nord de même qu’au Lac-Saint-Jean. Les trois communautés attikameks sont installées en Haute-Mauricie, tandis que les trois communautés micmaques sont établies en Gaspésie. Les Algonquins, formant aussi neuf communautés, sont établis en Abitibi-Témiscamingue et en Outaouais. Les Naskapis constituent une seule communauté installée à une quinzaine de kilomètres de l’ancienne ville minière de Schefferville. Les Hurons-Wendat, également regroupés en une seule communauté, résident pour la plupart à Wendake, près de Québec, tandis que les trois communautés mohawks habitent la vallée du Saint-Laurent, près de Montréal, Oka et Cornwall. Les Abénaquis se trouvent à Odanak et à Wôlinak, à proximité de Sorel. Les Malécites de Viger – dernier groupe que le gouvernement québécois a reconnu comme nation autochtone en 1989 – détiennent des terres réservées à leur usage à Cacouna et à Whitworth, dans le Bas-Saint-Laurent, mais la population malécite, dispersée dans la province, n’y réside pas. Par ailleurs, quelque 30 % des Amérindiens du Québec habitent à l’extérieur de leur réserve ou communauté d’origine, principalement à Montréal, à Québec, à Gatineau, à La Tuque, à Sept-Îles et à Val-d’Or. Les Inuits, quant à eux, habitent 14 villages, tous situés au nord du 55e parallèle, dans la région dénommée Nunavik; environ 5 % d’entre eux résident à l’extérieur du Nunavik, principalement à Montréal ou dans la région métropolitaine. Enfin, les Métis sont généralement établis dans différentes villes de la province, surtout dans la portion méridionale.
La Loi constitutionnelle de 1982 reconnaît aussi l’existence d’un titre autochtone (on parle aussi d’un titre aborigène) sur des terres, lorsque les Autochtones occupent des territoires que leurs ancêtres habitaient lors du contact avec les Européens, qu’un principe de continuité peut être établi entre l’occupation première et actuelle, et que ce titre n’a jamais été cédé de quelque façon que ce soit. Le titre autochtone est un droit territorial collectif et inaliénable, sauf par le gouvernement fédéral. En d’autres termes, il constitue un droit ancestral, mais différent des autres droits ancestraux également reconnus par la Loi constitutionnelle, car il comporte un droit d’utilisation qui ne se limite pas à des usages traditionnels.