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L’emblème ne date pas d’hier. Cette figure symbolique, servant à représenter un pays, une famille, une personne ou à rappeler un événement important, existe depuis la nuit des temps. En effet, de tout temps, les hommes se sont servis de symboles pour qualifier ce qu’ils sont ou évoquer un moment déterminant de leur vie. Le Moyen Âge a été la période la plus prolifique en ce domaine, notamment grâce à l’apparition de la chevalerie. Pour symboliser leur pays, leur province, leur ville, leur corporation ou leur famille, les gens de cette époque ont choisi des couleurs, des figures, des objets qui, peints sur des écus, des oriflammes ou des enseignes, deviendront des emblèmes. En attribuant une signification à chaque couleur et à chaque élément, ils ont créé un art, celui de l’héraldique, doté de règles précises. Ce sont ces éléments symboliques qui, reportés sur des blasons ou d’autres supports, sont des emblèmes.
Le Québec possède plusieurs emblèmes, le principal étant son drapeau. En outre, les citoyens ont choisi pour emblèmes une fleur, un oiseau, un arbre et même un insecte. Plusieurs organismes, familles et individus ont également opté pour un emblème représentatif.
Quand il a été question d’un emblème pour le Québec, on a aussitôt songé au drapeau. Sur celui-ci devaient figurer des éléments symboliques représentatifs de ce que sont le Québec et son peuple. En effet, un drapeau raconte une histoire, celle d’un pays et de ses origines. C’est en s’inspirant de l’histoire des Français en Amérique du Nord que le choix des éléments s’est fait tout naturellement. Ne sommes-nous pas, en grande majorité, originaires de France? Il fallait donc trouver sur ce drapeau un rappel de la France : la fleur de lys devait y figurer. On ne pouvait pas non plus en exclure la croix, symbole de la foi des ancêtres. Ces éléments étaient déjà présents dans les couleurs de Saint-Malo à l’époque de Jacques Cartier, dans la croix blanche des drapeaux de plusieurs compagnies franches de la marine, dans le bleu et les lys des bannières de France et de la glorieuse bataille de Carillon (guerre de Sept Ans). Le drapeau du Québec venait de prendre forme. Il illustrait à lui seul la devise du Québec : Je me souviens. En effet, si la croix symbolise la foi des ancêtres, elle constitue également un carrefour ouvert sur les quatre points cardinaux, une route d’où l’on part et par laquelle on revient. À l’image des gens du Québec, elle symbolise l’accueil et l’ouverture sur le monde. Voilà ce que dit notre drapeau quand on sait le regarder avec attention. Il a flotté pour la première fois au sommet du mât de la tour principale de l’hôtel du Parlement, à Québec, le 21 janvier 1948. Mais il n’est pas notre seul emblème.
Dans notre pays où l’hiver occupe une large place, il fallait une fleur particulière pour nous représenter. Symbole de vie, de renaissance et de beauté, elle devait nous remémorer nos origines. En 1963, le Québec était la seule province du Canada qui n’avait pas de fleur emblématique. On songea aussitôt à la fleur de lys. Le 23 janvier, le Québec choisissait le lys blanc, mais l’on se rendit vite compte que ce choix n’était pas judicieux, cette fleur n’étant pas une plante indigène. Les botanistes s’y opposèrent et eurent gain de cause.
Surgi du sol au printemps, quand il a encore les pieds dans l’eau, l’iris versicolore, fleur indigène, répondait beaucoup mieux aux critères recherchés pour un tel emblème. Fièrement, sa fleur d’un bleu violacé s’ouvre comme un œil en forme de lys et voilà que, dans cet œil, prennent place la France, nos origines, notre langue, nos combats. L’iris versicolore se dresse chaque printemps, sobre, ferme, fier et fidèle, rappel de tout ce que nous avons été, de ce que nous sommes et de ce que nous voulons continuer d’être. Par la variété de ses couleurs, il symbolise la diversité culturelle du Québec; par son habitat, l’importance de l’eau et des milieux humides pour l’équilibre de la nature.
Invalidant sa décision de 1963, le gouvernement dotait le Québec d’un nouvel emblème floral, l’iris versicolore, le 28 octobre 1999.
Le débat sur le choix de l’emblème aviaire a duré quelques années. Il fallait choisir un oiseau représentant à la fois le pays et ses habitants. En 1987, l’Assemblée nationale conférait au harfang des neiges, ce grand hibou blanc mal connu, le titre d’emblème aviaire du Québec. Cet oiseau symbolise l’hiver dans tout ce qu’il signifie pour les gens d’ici. Il rappelle la ténacité de nos aïeux qui, comme lui, ont su s’enraciner dans ce climat semi-nordique et prendre courageusement possession du très vaste territoire que constitue le Québec. Le 28 octobre 1999, par sa loi sur les emblèmes, le gouvernement du Québec a confirmé le choix du harfang des neiges comme emblème aviaire.
Le Québec étant un pays de forêts, il devait se doter d’un emblème arboricole. Parmi toutes les espèces d’arbres, on a retenu le bouleau jaune, familièrement appelé merisier. Cet arbre au bois noble, qui a été fort utile à nos ancêtres (que l’on pense aux meubles qu’ils en ont tirés) et qui constitue toujours un apport important à notre économie, rappelle toute la place que prend la forêt chez nous. Il est officiellement l’emblème arboricole du Québec depuis le 28 octobre 1999.
Ce sont les écoliers du Québec qui, en octobre 1998, à la suite d’un concours, ont choisi l’amiral, ce papillon aux ailes noires, marquées d’une vive bande blanche, comme insecte emblématique. Ce choix n’a toutefois pas été officialisé par le gouvernement.
Si notre pays est bien représenté par des emblèmes, nos institutions, nos organismes, nos familles et certains individus le sont également par des blasons et des logos. En effet, les Québécois s’intéressent aux blasons depuis fort longtemps. Déjà, au 17e siècle, les nobles arboraient des blasons et les évêques, comme c’était la coutume s’ils n’étaient pas issus de la noblesse, se faisaient dessiner des blasons personnalisés. Cette coutume s’est perpétuée et, aujourd’hui, nombre d’organismes, de même que les associations de familles, présentent avec fierté le blason qui raconte leur histoire.