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Les fleurs et arbustes indigènes du Québec

Luc Brouillet

Professeur
Université de Montréal

Les arbustes et les plantes herbacées font partie intégrante du paysage que nous contemplons sans toujours en saisir la richesse. Dans ce paysage, nous percevons plus spontanément les arbres à cause de leur grande taille, de leur architecture, de leur utilité. Pourtant, le Québec ne compte que 63 arbres indigènes, alors que la flore indigène comporte 1817 arbustes et herbes. C’est dire que la diversité végétale, selon le nombre des espèces, des sous-espèces ou des variétés, se concentre dans les strates arbustives et herbacées.

Les arbustes, dont les tiges ligneuses survivent à l’hiver hors du sol, comme le font celles des arbres, se distinguent par leur taille inférieure et par leurs multiples troncs. D’autre part, les herbes produisent peu ou pas de bois, de sorte que les tiges aériennes meurent chaque année.

Au Québec, toutes les plantes ne sont pas indigènes : 27 % des espèces que l’on peut observer dans les régions peuplées proviennent d’autres continents et sont considérées comme exotiques. Une plante est exotique si son arrivée sur le continent nord-américain s’est faite après celle de l’homme blanc. Ainsi, la plupart des fleurs des champs proviennent de l’étranger, comme la marguerite, la consoude ou le tabac du diable. Les plantes exotiques, comme la salicaire ou le roseau européen, deviennent parfois envahissantes et peuvent causer des dommages économiques considérables, alors qu’aucune plante indigène n’a une telle tendance.

Les herbes et les arbustes indigènes appartiennent surtout aux plantes à fleurs (ou angiospermes). Ainsi, bien que les conifères dominent la forêt boréale, seul quatre d’entre eux sont arbustifs : l’if du Canada et trois genévriers. Les 203 autres arbustes indigènes sont des angiospermes dicotylédones, comme les viornes, les sureaux, les érables à épis et les érables de Pennsylvanie de nos sous-bois, les saules et les aulnes des milieux humides, ou encore les thés du Labrador, les kalmias et les autres éricacées des tourbières. Au Québec, les arbustes dominent surtout dans les habitats suivants : certaines tourbières ombrotrophes, les landes côtières et la toundra arbustive.

Les herbes se répartissent en trois groupes : d’abord les lycopodes, ensuite les fougères et les prêles, enfin les plantes à fleurs. Celles des deux premiers se reproduisent par spores plutôt que par graines, comme chez les conifères et les plantes à fleurs. Elles possèdent des organes reproducteurs discrets, les sporanges. Les lycopodes, les sélaginelles et les isoètes forment un petit groupe de 19 petites espèces, majoritairement des lycopodes. Seuls survivants du groupe des lycopodes arborescents du carbonifère, les isoètes sont aquatiques. Le groupe des fougères et des prêles est plus diversifié. Les 11 prêles, avec leur tige cannelée râpeuse, préfèrent les habitats humides. Autrefois, les tiges de certaines servaient à récurer les poêles. Les fougères nous sont plus familières, car elles sont souvent cultivées pour leur feuillage élégant et elles tolèrent l’ombre. Ces 77 espèces se trouvent partout dans les bois et dans certains habitats humides. Les plus communes sont la fougère-à-l’aigle, les dryoptères, les polystics, les fougères femelles, l’onoclée et la fougère-à-l’autruche. Celle-ci produit au printemps les fameuses crosses de violon qui viennent garnir nos assiettes.

Comme partout au monde, les plantes à fleurs sont les plus nombreuses des herbes (1705). Leur caractéristique principale, la fleur, comporte deux enveloppes de pièces stériles, les sépales verts et les pétales colorés, en plus de deux séries d’organes reproducteurs, les étamines, mâles, et le pistil, femelle. Après la fécondation, le pistil devient le fruit qui protège les graines et facilite leur dissémination. En général, ce sont les pétales qui donnent à la fleur son caractère attrayant, car leur fonction est d’attirer les pollinisateurs; de plus, ils nous charment en faisant des roses et des lis les reines du jardin. Certaines fleurs sont cependant de dimensions réduites, car elles utilisent le vent pour effectuer la pollinisation. Les graminées en sont les meilleurs exemples, avec leurs fleurs dissimulées par des écailles et sans enveloppes. Un autre cas est celui de l’herbe à poux, une plante envahissante de l’est du continent qui provoque chez certains des allergies estivales.

Il existe trois classes de plantes à fleurs. La première est constituée d’angiospermes primitives dont les caractéristiques varient considérablement. On en compte huit au Québec. Les nymphéacées nous sont les plus familières avec leurs larges feuilles flottantes. Cette famille comprend les nénuphars, les lis d’eau et les brasénies. Elle est la deuxième lignée la plus ancienne de plantes à fleurs et date du début du crétacé : c’est la doyenne des angiospermes québécoises.

La seconde classe, les monocotylédones, comporte 640 espèces. Elles ont des pièces florales en groupe de trois. De plus, la graine ne possède qu’un seul cotylédon, d’où le nom. Certaines se sont adaptées au milieu aquatique, comme les potamots de nos lacs et de nos rivières; la zostère marine a même, comme son nom l’indique, poussé l’audace jusqu’à coloniser le milieu marin. Les plus grandes familles de notre flore appartiennent à cet ensemble : d’abord les graminées, tels le riz sauvage, les fétuques et les autres foins; ensuite les cypéracées, dont les fameux carex (ou laîches). Ces deux familles dominent les marais et la toundra herbacée, mais sont partout présentes. Au printemps, la flore de nos sous-bois ne serait pas si spectaculaire sans la présence des trilles, des uvulaires, des maïanthèmes et d’autres monocotylédones. En outre, tourbières, marécages et boisés s’agrémentent notamment d’orchidées, de cypripèdes, de goodyéries, de platanthères et de corallorhizes. Ce sont les monocotylédones qui nous ont fourni la fleur emblématique du Québec : l’iris versicolore.

La dernière classe, les dicotylédones, comprend 956 herbes. C’est à elle que se rattachent les arbustes signalés plus haut et les arbres à feuillage caduc. Les pièces florales sont en groupe de quatre ou cinq. Ces plantes herbacées se rencontrent dans tous les habitats, mais n’en dominent aucun, sauf les champs d’asters et de verges d’or automnales. Parmi les plus belles, mentionnons la lobélie cardinale, la galane, le tournesol et la rudbeckie. La classe inclut les plantes carnivores, comme les sarracénies, les rossolis, les utriculaires et les grassettes.

Alors que toundra et forêt de conifères couvrent plus de 90 % du territoire québécois et la forêt tempérée, moins de 10 %, les premières ne renferment que 55 % des espèces et la seconde, 45 %. Cela montre la richesse relative du sud du Québec. Une telle répartition est importante pour la protection de la flore. Bien que les espèces rares se répartissent sur tout le territoire, les plantes menacées ou vulnérables se concentrent dans le sud, où elles subissent les effets du développement. Les préserver constitue l’un des plus grands défis des défenseurs de la biodiversité.

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